samedi 10 novembre 2018

22 février 1916 (Extrait du journal de Guerre du 44° RIT) de Louis TESTOT

22 Février 1916

22 Février 1916- La disposition de nos troupes est la même que la veille, mais renforcée comme il a été dit.
Evénements. A 1h30 du matin, le Lt Colonel concoqué au P.C. de la 28° Brigade, se rend à Dieppe. En son absence, il laisse le Commandement au Cap. Gay Officier-Adjoint.
En prévision d'un encerclement par l'ennemi du massif des Htes Charrières par les couloirs compris entre ce massif et Fromezey d'une part, l'étang de Braux d'autre part, le Général Cdt la 28° Brigade donne l'ordre suivant :
"Deux compagnies sont mises à la disposition du Colonel de Senilhes, qui les établira à proximité du réduit des Htes Charrières, de manière à garnir, le cas échéant, les lisières S.0 et NO. des Htes Charrières prenant ainsi en flanc l'ennemi qui voudrait  utiliser les couloirs en question.
D'autre part, le Lt Colonel de Senilhes agira directement au moyen de ses compagnies d'Haraigne pour boucher l'intervalle entre la lisière Sud des Htes Charrières et Fromezey"
Le Lt Colonel, aussitôt après son retour (2h40) ajoute à cet ordre diverses mesures d'exécution notamment pour orienter les deux Compagnies qui doivent se rendre aux Htes Charrières, il désigne le Cap. Gay et la Cap. Brunhold l'un devant servir de guide dans la direction du N.O., l'autre dans la direction du saillant S.O. du bois.
Les deux Cies du 42°arrivant à Haraigne à 4 heures. Elles sont sous le commandement du Cap. Pérès.
Dans l'intervalle, un soldat allemand faisant partie d'une reconnaissance de 50 hommes, qui s'était avancée jusqu'à la tête de porc (avancée Est du bois) est pris dans la zone intérieure des réseaux.
C'est un homme du 6ème de Réserve. On le conduit à Dieppe.
Le Général s'étonne qu'il ait pu impunément franchir les réseaux. On lui explique, après enquête faite à la G.G.2., que ce soldat est tombé dans un piège, tendu à l'ennemi en cet endroit par un de nos petits postes.
Les deux Cies actives, guidées par les deux officiers orienteurs, se rendent au bois. A 6h45 leur mouvement est accompli et elles sont en place.
En ce qui concerne le bombardement, la situation est inchangée. il est lent et continu, avec quelques périodes de détente. vers 9 heures il reprend avec intensité. L'ennemi parait procéder par rafales de 5 à 10 minutes, suivies de silence.
a 9 heures, on reçoit de la Brigade cette instruction : "Le Général Chretien vous informe que, d'après les dires de certains déserteurs, l'ennemi a l'intention d'attaquer aujourd'hui même le bois des Htes Charrières de front et aussi sur ses deux flancs."
"il recommande d'exercer une surveillance très active et que tout le monde soit à son poste de combat pour repousser vigoureusement toute attaque"
Se tenir prêt à prévenir l'artillerie pour qu'elle puisse déclancher ses tirs de barrage
Employer les fusées rouges concurremment avec autres liaisons....etc....." 
Pendant toute la matinée, la situation demeure inchangée.
Ce qui caractérise ce bombardement généralisé, c'est toujours l'alternance de rafales et des silences.
Mais le point le plus violemment battu depuis quelques heures, c'est le lieu dit Tête de porc (avancée Est des Hautes Charrières)
y compris les tranchées 10,13,14 et 15).
On peut craindre une attaque de ce côté là. Le Cdt Boulanger recommande à la fraction qui occupe la tranchée 36 (lisière N.O. des Htes Charrières) de tenir bon plus que jamais et surtout de rester en liaison avec le 42° A. posté à la digue de l'étange d'Haraigne.
À 12 heures, Fromezey est survolé par un avion. Le tir redevient intense sur "23" ce qui parait confirmer l'hypothèse de l'intention allemande de tourner sur le flanc Sud.
À 13 heures, Haraigne est l'objet d'un tir de démolition. La ferme est d'ailleurs allégée de la moitié de son personnel réparti d'avance dans les tranchées.
À 14h20, le Lt Colonel, consulté par le Cdt Boulanger l'autorise à faire procéder à la relève de l 7ème Cie par la 9ème Cie. Cette opération s'effectuera pendant la nuit. 
C'est à 16h50 qu'éclate le "Trommelfeuer" (NDA pilonnage), feu roulant d'artillerie précurseur d'une attaque d'infanterie, sur le G.G.2 et Fromezey. Interrompu de 17h9 à 17h15, il reprend sans aucun ralentissement jusqu'à 17h50.
à 17h15, le Centre des Htes Charrières prévient le Colonel que la Section de Mitrailleuses de la Tranchée 5 est signalée détruite. La Brigade en est avisée.
À 18H35, rapports sur le "Trommelfeuer" : "une fois le cyclone passé, silence et calme".
La G.G.2 signale une fusillade du côté de Megeville. Fromezey n'en signale aucune. La G.G.2 reste sur le qui-vive; elle demande même un tir de barrage devant la tranché 25 ; il lui sera accordé : une attaque d'infanterie semblant se déclencher à la lisière du bois. Un tir de barrage est également exécuté devant Fromezey.
Le reste de la nuit s'écoule sans incident notable.
Travaux - Les travaux de réparation sont poussés activement cette nuit-là. Le Lt Colonel adresse au P.C. 28° Brig. le tableau récapitulatif suivant des dégâts constatés : 
Centre de Fromezey-Réseaux Est et Nord brêches de I à I2 mètres en partie réparées avant ce compte rendu.
Centre des Htes Charrières. Tout le réseau de Ière ligne est endommagé sur la lisière N.E. surtout à l'avancée (tête de porc)
les réseaux de la 2ème ligne de la Ière position ont seulement quelques brêches entre 33,34 et 35.
Centre de Braux : pas de brêches, mais des dégâts entre 39 et 37.
Centre d'Haraigne. pas de dégâts aux réseaux.
Le matériel nécessaire demandé hier arrive dans la nuit à Hariagne Fromoezey et Braux.
Un dépôt du Génie se constitue, par ordre de la Brigade, à la ferme Haraigne : 12.000 sacs à terre, 4500m. de réseaux Brun, 200 éléments Lagarde.
Comme personnel technique, une section du Génie est demandée par le Cdt Boulanger pour réparer les réseaux de Ière ligne au bois des Htes Charrières ; deux équipes de Sapeurs-Pompiers sont dirigées par le Lt Fizelier sur la Tranchée 5 et la 23 pour y faire une banquette de tir. Un caporal et 2 hommes sont envoyés à Fromezey.
Téléphone et liaison optique ; ordre 76/3 de la 14° Division "il faut procéder à la vérification constante du téléphone; y suppléer par la liaison optique et se servir des coureurs comme moyens de transmission plus pratique"
Ravitaillement
Les troupes peuvent renouveler leurs vivres de réservé grâce aux dépôts constitués dans les centres. D'ailleurs le ravitaillement quotidien a pu s'effectuer malgré le bombardement ; les cuisines ont été installés à proximité des G.G. et les hommes ont des aliments chauds bien qu'à des heures irrégulières.
Accident à Fromezey. Un obus détruit le dépôt de ce centre à 11 heures (138 kgs de viande de conserve, 37K de sucre, 17 K de café, 18 K de pain de guerre), le Lt Colo. prévient le Cap. Major, demeuré à Damloup, qu'il serait urgent de faire remplacer ce dépôt. L'opération aura lieu pendant la nuit.
Mesures du Sce Santé et Pertes. Les hommes, dans les centrs attaqués par les gaz (Braux, Htes Charrières) sont munis d'un double jeu de ....  (ordre  4074/3 de la 14° D.I.).
La question de l'évacuation des blessés fait l'objet d'un message  du Lt Colo. au Med. Chef à Damloup. La voiture médicale d'Haraigne a été brisée par un obus ; il faut envoyer des voitures pour blessés couchés et assis., les moins atteints rejoindront à pied la route d'Abaucourt.
A la fin de la nuit du 22 au 23, à 6 heures les pertes connues pour les 4 Centres sans distinction de corps sont de I6 tués et 53 blessés.
Journée du 22 seule : 15 tués 42 blessés, I disparu.



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